Aurère ou Orère Légende de la provenance du nom Orère ou Aurère..

Aurère ou Orère Légende de la provenance du nom Orère ou Aurère.

Aurère (ancienne autographe Orère) est un îlet du cirque de Mafate qui appartient au territoire de la commune de La Possession.

Inaccessible par la route, il peut être atteint à pied via le sentier de grande randonnée GR R2 ainsi que par un sentier de randonnée qui longe le Bras des Merles.

Aurère est un vaste cirque, encaissé de masses énormes, autour duquel se dressent, à gauche, la cime imposante du Cimandef ; à droite, le Piton d'Orère et le Bénard perdu dans un vaporeux lointain, mais d'où l'on distingue très nettement la forme sèche et correcte de son arrête qui se profile imposante et désolée sur le fond bleu du ciel.

En face, les Pitons de la Fourche dont l'Oeil suit avec étonnement les vives dentelures se découper dans l'air ; et enfin, tout à fait au fond, entre le Cimandef et les Pitons de La Fourche, la cime suprême du Piton des Neiges, ce géant de l'île, perdu souvent dans la chevelure de brouillards que la brise secoue sur son sommet. Au siècle dernier, l'intérieur de l'île était peu connu peu fréquenté.

La troupe des chasseurs s'était engagés dans un défilé que les carte de l'île désignent sous le nom du Bras de Sainte-Suzanne. La course avait dû être longue, accidentée et fatigante ; car la route était à peine tracée. Les chasseurs des nègres marrons fréquentaient seuls de temps à autre ces âpres solitudes, et l'empreinte de leurs pieds, la trace de leur marche disparaissaient bien vite sous la verdure éternellement renaissance des mousses et des bruyères.

Les chasseurs après mille détours quittèrent le fond du Bras de Sainte-Suzanne, remontèrent le Bémald, autre ravin qui se jette dans celui-ci, et, tout d'un coup, après une ascension assez pénible du versant occidental de ce coteau, il se trouvèrent dans une esplanade assez étendue, un vaste cirque encadré de montagnes superbes. La brusque présence de ces hommes armés fit entrer en fureur un chien couché à la porte d'une hutte en chaume. Le chien s'avança avec furie sur ces indiscrets visiteurs.

- Tiens ! dit l'un des chasseurs, jolie chasse ma foi !...
- Un chien ?... répondit l'autre, donc un marron. En avant droit au nid ! Ce chien garde quelqu'un.
- Sans doute, et du gros gibier encore !... Il va être forcé tout à l'heure !...

La dernière parole expirait à peine sur la lèvre du chasseur qu'un nègre bondit comme une panthère hors de sa cachette. C'était un marron qui fuyait épouvanté à l'approche de ces blancs armés.

Les hommes de la suite le couchèrent en joue. Le nègre, d'un mouvement rapide, se coucha par terre. Les autres chasseurs profitèrent de ce temps d'arrêt dans sa course, s'élancèrent sur lui, et le malheureux fut garrotté.

L'un des chasseurs, après avoir examiné la qualité du sol, où l'on voyait les traces d'une culture à laquelle s'était livré le nègre pour subvenir à ses besoins, se tourna vers le marron et lui demanda quelques détails sur la nature du terrain.

- Ceci, lui répondit le noir tout tremblant du sort qu'on lui réservait, ceci, Monsieur, là où vous êtes : Orera. Ce mot est un terme de l'idiome des Cafres qui signifie : " Bonne terre ".

Ensuite étendant la main vers la partie d'un piton à l'aspect morne et désolé : " ceci, Monsieur, dit-il, Carera..." Ce qui veut dire : " Mauvaise terre ".

Le chasseur était M. Lemarchand. Le nègre était un de ces pauvres esclaves qui avaient le tort affreux, à cette époque, de préférer l'indépendance de sa vie, et la liberté de sa montagne, aux corrections sévères, mais paternelles, du fouet d'un commandeur son gardien, ou du blanc son propriétaire.

Ce qu'il advint de lui, nous l'ignorons : l'histoire ne le dit pas ; tout ce que nous savons c'est que le nom donné par lui, dans cette circonstance, à cette terre, lui est resté, et l'établissement qu'y fonda plus tard M. Lemarchand prit le nom d'Orère. "

" ... Quand je vis pour la première fois ce site d'Orère, dont le caractère imposant et grandiose me saisit de respect, quand je repassai dans mes pensées la vie des nègres de ces parages ; d'un côté, le courage acharné des blancs ; de l'autre, la défense héroïque des esclaves ; cette terre me sembla sacrée après avoir été le théâtre de ces luttes, le champ de bataille de la liberté. "

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