Marronnage et esclavage à La Réunion

Marronnage et esclavage à La Réunion


Le mot Marron vient de l'espagnol cimarrón et signifie " s’échapper, fuir " ; il désignait d’abord les animaux domestiques qui devenaient sauvages.

En français, le mot s'étendit d'abord aux Blancs engagés qui fuyaient leurs mauvaises conditions de travail. Il a fini par désigner également les esclaves fugitifs.

Esclavage à La Réunion

Les premières heures de l’Histoire humaine de La Réunion se mêlent à celle des esclaves.

1663, peu avant la colonisation française, le capitaine Louis Payen et son équipage débarquent avec 7 hommes malgaches et 3 femmes noires, lesquels s’enfuient aussitôt dans lesprofondeurs de l’île. Personne ne les retrouva jamais. La cause première de ce mouvement est avant tout la soif de liberté profondément enracinée, quoi de plus naturel pour un esclave de retrouver sa liberté, mais aussi à cause des conditions de vie des esclaves, mal logés, mal nourris, déracinés, vendus comme des animaux, humiliés, battus.

Esclaves à La Réunion

Le marronnage peut prendre diverses formes, de la simple fugue d'un esclave maltraité à l'organisation, dans les montagnes les plus reculées, de véritable camps avec abris permanents, terres cultivées, bétail, femmes et enfants. Une fuite au risque de mille périls, au cœur des bois, dans les profondeurs des forêts ou sur les hauteurs des montagnes, sans garantie d’avenir sinon l’espoir éphémère de la liberté.

Jusqu'au XVIII ème siècle le phénomène de maronnage reste anecdotique. On ne compte alors que quelques dizaines de marrons qui vivotent par petits groupes, et qui pour tout délit volent quelques légumes et volailles. Par la suite le mouvement va alors prendre de l'ampleur. Devenus plus nombreux, ces noirs marrons auraient créé des villages entrepris des plantations et instauré, selon leurs origines, des systèmes politiques dirigés par des chefs et des rois. Ces bandes puissantes n'hésitent plus alors à faire des descentes pour ce procurer armes, vivres et épouses, pillant et massacrant. Les colons blancs devant la recrudescence de ces attaques, débutèrent la chasse aux noirs marrons. Des détachements de chasseurs furent engagés pour mener des expéditions punitives.

Chasse à l'esclave marron

Toute capture de marron se voit récompensée de 30 livres. Sur l’île, des brigades de chasseurs s’activent. Les blancs créoles parcourent les bois et les cirques à la recherche de campements, de baraques ou de cases. Autant de lieux où des dizaines de Noirs se regroupent au détour d’une rivière ou d’une forêt au point de former de petits villages. Dans leurs écrits, des chasseurs rapportent les prises d’esclaves dans ce qui ressemblait à de véritables campements aux noms de Laverdure, Maffack ou Les deux bras.

La création du détachement pour la capture des noirs marrons fut mis en place par un règlement du Conseil supérieur de Bourbon en date du 26 juillet 1729. La chasse aux noirs marrons n'avait pas attendu les règlements royaux pour être pratiquée. Dès les débuts du XVIIIème siècle, les colons avaient mis en place des dispositions pour combattre les marrons. Toutefois le règlement donnait à l'activité de chasse aux noirs sa légitimité.

Fresque Commémoration de la révolte des Esclaves de Saint-Leu

Tout blanc "en état de porter les armes" devait être inscrit "au rolle" de son quartier par le capitaine du quartier pour faire partie du détachement devant chasser les marrons. Cette première conscription, ne plût pas aux colons créoles obligés de participer à une organisation militaire pour lutter contre les marrons. Devant les difficultés et l'inefficacité de la "conscription obligatoire", la réglementation évolua vers la professionnalisation de la spécialisation des détachements.

Tag Commémoration révolte des Esclaves de Saint Leu

En 1742, un habitant souhaitant se faire dispenser de détachement "pouvait faire remplacer par les plus jeunes qui n'ont point d'esclaves". En échange d'une rémunération de trois livres par jour et d'un noir esclave pour les accompagner. 19 détachements sont crées au milieu du XVIIIème siècle :

5 à Saint-Paul.
3 à la Rivière d'Abord.
3 à Saint-Denis.
8 à Sainte Suzanne.

Des primes et des esclaves furent accordés aux chasseurs pour augmenter l'émulation et récompenser les plus hardis : il leur sera délivré par la Compagnie, aux frais de la commune, sur le pied du tarif, autant de noirs et négresses qu'ils en tueront dans les bois dont, suivant l'usage, ils seront tenus de porter la main gauche.

Commémoration révolte des Esclaves Ravine du Trou Saint-Leu

Sur 784 grands-marrons, concernés par les statistiques des esclaves en fuite depuis plus de six mois, pour la période allant de 1725 à 1765, 438 seront capturés, 270 tués dans les bois, 26 morts au bloc ou à l'hôpital, 50 mis à morts !

Eliminer physiquement un noir marron en le tuant à bout portant quelque soit son sexe, homme ou femme ou enfant, ne posait aucun problème de conscience aux chasseurs noirs. Bien plus, la chasse aux marrons est encouragée par l'administration qui récompense par des primes leurs captures. La vie des marrons n'a pas plus d'importance que celle d'un animal abattu dans la forêt et qui n'aura pas droit à une sépulture. Seule "la main gauche" rapportée comme trophée, mais surtout comme preuve de la mort du marron pour obtenir la prime a une valeur pour les chasseurs de marrons.

Commémoration révolte des Esclaves de Saint-Leu

1719, une amnistie est promise aux marrons qui se rendent. Il concerne surtout les malgaches 90% environ. Bourbon compte à cette époque quelque 2 000 esclaves fugitifs.

1725, le Conseil Supérieur de Bourbon ordonne de tuer les Noirs qui refuseront de se rendre. Dès lors s'installe une impitoyable chasse à l'homme.

1726, le Conseil promet 30 livres pour tout esclave mort ou vif.

1729, un règlement est élaboré pour les détachements luttant contre les marrons; détachements conduits par des chasseurs professionnels et qui aboutiront à la réduction quasi totale des marrons.

1744, le plus célèbre des chefs de détachement est François Mussard. Partant à chaque fois avec une dizaine d'hommes, il entame à partir de 1744 une chasse systématique dans les cirques de l'île.

1775, suppression de la peine de mort pour fait de marronnage.



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