Jacques Sully-Brunet, né le 30 septembre 1794 à Saint-Denis La Réunion, conseiller à la cour, avocat, membre du conseil général, député de La Réunion en 1830.

Jacques Sully-Brunet.

- Nom : Jacques Sully Brunet.
- Naissance : 30 septembre 1794 à Saint-Denis La Réunion
- Décès : 1858 à Paris.
- Fonction(s) :
- Substitut du Procureur Général de La Réunion.
- Membre du conseil général de La Réunion.
- Député de La Réunion.
- Délégué des planteurs de l'île Bourbon.


Jacques Sully Brunet est né le 30 septembre 1794 à Saint-Denis La Réunion. Il est issu d'une famille propriétaire d'esclaves.

Suite à la prise de possession par les Anglais de l'île Bonaparte ( La Réunion ) par acte de capitulation le 9 juillet 1810, les habitants de l'île qui a repris son ancien nom d'île Bourbon doivent à partir du 25 avril 1811, préter serment " de fidélité, obéissance et soumission au roi d'Angleterre et au gouvernement britannique " Cette contrainte est ressentie comme une atteinte à l'orgueil national : de nombreux Bourbonnais s'indignent d'avoir à jurer fidélité à l'ennemi d'hier. S'ils refusent, c'est l'exil en France. Jacques Sully Brunet refuse de préter serment et se retrouve donc embarqué pour la France.

En France, il fait des études et obtient sa licence en droit. Il profite que La Réunion soit redevenue française le 6 avril 1815 pour revenir dans son île natale.

En 1816, il travaille comme substitut du Procureur Général Gilbert Boucher.

2 octobre 1817, le jeune substitut reçoit une femme Madeleine et son fils Furcy " Je me nomme Furcy, je suis né libre dans la maison Routier, fils de Madeleine, Indienne libre, alors au service de cette famille. Je suis retenu à titre d’esclave chez Monsieur Lory, gendre de Madame Routier. Je réclame ma liberté. Voici mes papiers ".

Sully-Brunet defend l'esclave Furcy

Après avoir consulté le dossier Sully-Brunet écrit à son supérieur : " Je pense que l’affaire est de nature à être soutenue en justice ". Le procureur partage l’analyse de son substitut. " Furcy a besoin de notre soutien, il faut l’aider à monter une argumentation solide" . Les deux hommes vont payer très cher leur attachement à cette cause.

Le 17 octobre 1817, Furcy assigne Joseph Lory au tribunal d’instance de Saint-Denis.

Joseph Richemont Desbassyns, Commissaire ordonnateur général de Bourbon prend la défense de Lory, il alerte le ministre de la Marine, Mathieu-Louis comte de Molé de Champlatreux. " Votre excellence, c’est la première fois qu’un esclave tente de briser ses chaînes par la loi. C’est la première fois peut-être depuis qu’il existe une colonie qu’on a vu un esclave assigner son maître en justice. C’est un acte de rébellion inouï. S’il obtient gain de cause, 16 000 autres esclaves qui se trouvent dans la même situation réclameront leur liberté ".

Dans une autre lettre du 22 décembre 1817, l'Ordonnateur Philippe Desbassayns de Richemont dévoile au ministre de la Marine, que Sully Brunet a du sang d'esclave en se référant à sa trisaïeule Maricuello originaire de Madagascar.

Le 28 octobre 1817, Furcy est déclaré marron, il est arrêté et jeté en prison. Furcy croupit dans sa geôle jusqu’en octobre 1818.

Le 2 novembre 1817, le tribunal, réuni dans l’enceinte de la prison de la rue Juliette Dodu à Saint-Denis, rend deux décisions. Furcy est condamné pour acte de rébellion et fait de marronnage par neuf voix sur onze. Gilbert Boucher et Jacques Sully-Brunet ont voté contre. La même juridiction déporte à la Rivière-des-Roches à Saint-Benoît Jacques Sully-Brunet.

La réaction du procureur Boucher ne se se fait pas attendre. “C’est un jour de deuil pour la justice… M. Jacques Sully-Brunet n’a fait que son devoir et rien d’autre. Cette décision de suspension et d’exil qui le frappe est inique… Je fais appel de la décision qui vient d’être prise et je demande que l’affaire soit portée à la Cour royale en deuxième instance”. Ecoeuré, Gilbert Boucher décide de se rendre à Paris pour plaider la cause de Furcy. Le 12 février 1818, la Cour d’appel confirme l’arrêt du tribunal d’instance.

Sully-Brunet est assigné à résidence par le gouverneur Bouvet de Lozier, il y reste jusqu'à l'arrivée de son successeur Milius, treize mois plus tard.

Par la suite il devient propriétaire du domaine La Réserve à Sainte-Marie.

Sully-Brunet rentre en politique en devenant membre du conseil général de La Réunion.

23 août 1830, ordonnance du roi Louis-Philippe, qui institue l'élections des députés, par les Conseils généraux des colonies, Sully Brunet est désigné député par le conseil général de La Réunion. Il se rend alors à Paris et siège, auprès du département de la marine.

Devenu délégué de l'île Bourbon à Paris, il s'emploie dans ses nouvelles fonctions à protéger et à sauvegarder les intérêts des colons en prônant leur droit à l'indemnité, en dénonçant la responsabilité de la France qui a autorisé et toléré l'esclavage et en développant une vision raciste de l'esclave africain : " le caractère de l'Africain exporté présente une infériorité relative si manifeste que pendant de longues années après son implantation sur le sol colonial, il se montre sensible qu'aux chatiments corporels et aux passions brutales ; à peine articule-t-il quelques monosyllabes pour indiquer ses besoins. Le cafre est le dernier degré de l'espèce humaine. On comprend dès lors que le contraste qui résulte de la comparaison des deux races dut faire naître chez celle des Blancs l'idée de sa supériorité et, par la suite, l'habitude de la domination ".

Aussi Sully-Brunet prévoit que " l'émancipation complète et immédiate opposerait deux populations de libres : l'une se montrerait avec sa civilisation, possédant tout le sol, ayant famille, besoins dispendieux, habitudes de suprématie ; l'autre, rivale quoique purement prolétaire, se présentant plus nombreuse, sans moralité, sans famille, étrangère aux principes religieux, avec le stigmate de son infériorité de la veille, sans besoins, sans lien moral entre elle, ignorant des lois incapables de les comprendre.

Tout aussi longtemps que le nègre n'aura que lui à pourvoir, il s'arrêtera à l'instant où il aura gagné ce qu'il lui faut pour subvenir à ses modestes besoins. Or, quels peuvent être ces besoins pour l'homme demi sauvage, sous un ciel qui n'exige point d'habitation ferme, dans un climat qui dispense de vêtement, là où une racine sans valeur, que son goût et ses habitudes agréent, suffit à son alimentation, où le soin d'une famille, l'éducation d'un enfant sont choses étrangères à son caractères, à sa vie ? ".

Sully Brunet publie en 1840 un document intitulé " Considérations sur le système colonial et plan d'abolition de l'esclavage " dans lequel il montre qu'il n'est pas opposé à l'abolition de l'esclavage, à condition qu'elle sauvegarde les intérêts des colons. Selon lui, l'émancipation est impossible dans la mesure où les esclaves non préparés risquent de se soulever et de briser l'équilibre social. Mais Sully Brunet est surtout convaincu que l'abolition immédiate entraînerait la ruine de la colonie, car les colons manquant de liquidités, n 'ont pas les moyens de traiter avec l'État s'il devient loueur général de tous les esclaves et encore moins de passer au salariat. Le plan de Sully Brunet est assez original puisqu 'il prévoit une abolition vingt ans plus tard et l'émancipation des enfants à naître à partir de l'adoption et de la publication officielle de son plan sous forme de loi.

Sully Brunet tente d'aller au fond des choses en évoquant cet argument : " avec la liberté simultanée et le travail salarié, avant de longues années, la force des choses conduirait la société coloniale à un état d'appauvrissement et de décadence: la propriété rurale resterait incultivée, les villes s'encombreraient et la démoralisation viendrait à la suite de la misère ".

Dans son plan, Sully Brunet propose que l'esclavage soit aboli le 31 décembre 1859. " Un an avant cette époque, une loi déterminera le paiement de l'indemnité due par l'Etat aux colons pour le rachat du travail de leurs esclaves. A partir de la publication de cette loi, tout enfant qui naîtra de parents esclaves, unies par les liens du mariage, naîtra libre. Le maître de la mère de l'enfant, recevra de la part de l'Etat à titre d'indemnité et de remboursement des charges qu'il aura supportées, 400 francs par chaque enfant né libre lorsque l'enfant atteint sa troisième année. Le maître doit pourvoir aux besoins de cet enfant jus qu 'à douze ans révolus et en contrepartie celui-ci lui doit neuf années de travail gratuit jusqu 'à sa vingt et unième année.

Les personnes esclaves pourront recevoir une destination de travail soit mobilier, soit immobilier. Elles ne pourront être hypothéquées qu'avec le fonds rural ou l'usine auxquels elles ont été attachées par une déclaration préalable.

La naissances des esclaves sera déclarée dans la quinzaine par le maître ou en son nom, avec mention des nom et prénoms de la mère, ceux donnés à l'enfant, son sexe et le jour de sa naissance.

Le maître de la femme mariée fera au maire de la commune la déclaration du mariage dans la quinzaine de la célébration. II est prévu pour leur mariage une célébration religieuse Lorsque les esclaves mariés arriveront à la liberté le mariage qu’elles auront contracté acquerra de plein droit les effets civils du mariage contracté par les personnes libres. Le mariage est possible pour les hommes âgés de dix-huit ans et pour les filles à l'âge de quinze ans avec le consentement des maîtres. Cependant l'homme âgé de vingt-cinq ans et la femme âgée de 21 ans pourront contracter mariage sans le consentement des maîtres, mais avec celui du maire. Le mariage des esclaves est prohibé en ligne directe à l'infini et en ligne collatérale seulement entre frère et sœur. Le mariage est célébré dans la commune où la femme est recensée. Lorsque les esclaves mariés auront le même maître, celui-ci ne pourra les séparer que momentanément: Ils ne pourront pas être affranchis séparément même avec leur consentement.

L'esclave demeure incapable civilement et politiquement ".

9 novembre 1846, Bourbon est en crise, le nouveau gouverneur de la colonie Joseph Graëb a pour mission de préparer de préparer l'abolition de l'esclavage, mais la société coloniale de l'île n'est pas prête, elle voie en Sully Brunet et en l'abbé Alexandre Monet deux traites, qui sont tous deux accusés de vouloir la mort de Bourbon parce qu'abolitionnistes. Le Conseil colonial va s'en prendre à Sully Brunet. Le 9 novembre 1846, pour l'ouverture de la seconde session du Conseil, une partie des conseillers entre en dissidence afin de provoquer de nouvelles élections de délégués. La manoeuvre réussui, le Conseil est dissout par le gouverneur le 1 er décembre 1846. Le nouveau conseil va poursuivre deux objectifs : réclamer une représentation directe pour mieux se défendre et éliminer Sully Brunet. Le 5 août 1847, Marc Dejean de la Batie est réélu et le marquis Henri de Castellane, un européen préféré à Sully Brunet.

1848, Sully-Brunet délégué des planteurs de l'île Bourbon se trouve à Paris, il signe la lettre des jeunes créoles de l’île de La Réunion, présents à Paris. Les jeunes réunionnais résidant à Paris soutiennent le gouvernement provisoire républicain, le 18 mars 1848, ils écrivent une lettre aux citoyens membres du Gouvernement provisoire.

Les soussignés, jeunes créoles de l’île de La Réunion, présents à Paris, viennent porter leur adhésion complète, sans arrière-pensée, au Gouvernement de la République.

Nous acceptons la République dans toutes ses conséquences.

L’abolition de l’esclavage est décrétée, et nul Français n’applaudit plus énergiquement que nous, jeunes créoles de l’île de La Réunion, à ce grand acte de justice et de fraternité, que nous avons toujours devancé de nos vœux.

Nous tenons pour insensés et ennemis de leur pays ceux qui oseraient opposer une résistance coupable au décret libérateur du Gouvernement provisoire.

Que nos frères de sang ne suspectent pas notre bonne foi. Qu’ils songent combien il serait injuste de faire peser sur nous la responsabilité d’une iniquité séculaire dont nous n’avons point accepté l’héritage.

Nous sommes les enfants du présent. Nous nous constituons ici les représentants de l’idée nouvelle dans les colonies et, à ce titre, nous nous présentons devant vous dans l’espoir que vous nous permettrez de nous associer au grand mouvement que la France vient d’imprimer au monde entier.

Signé : Auguste Lacaussade, Lepervanche, G. Vinson, Dubourg, Gaillande, Charles Leconte de Lisle, Martin, B. Boursault, Barbaroux, Simon, G. Toulorge, G. Bédier, A. Reilhac, Sully Brunet, B. Houarau , Lecontour, P. Deheaulme, C. Laprade, D. Laprade, Deville, Lejeune, Loupy, Amelin, Potier, R. Royer "

1849, de retour à La Réunion, Sully-Brunet se présente aux élections législatives du 30 spetembre 1849, neuf candidats se présentent pour cette élection, le vote du 30 septembre 1849 est insuffisant pour valider l'élection, personne n'ayant atteint le huitième des voix des électeurs inscrits. Une nouvelle élection est décidée pour le 21 octobre 1849, Sully-brunet n'est pas élu, les deux représentants de la colonie élus sont : Charles Ogé Barbaroux et Jean-Baptiste Pierre Prosper de Greslan. Élections législatives 1849 à La Réunion.

1851 et 1852, Sully-Brunet se réprésente aux nouvelles legislatives comme candidat libéral, premier tour le 29 et 30 décembre 1851, deuxième tour 18 et 20 janvier 1852. Sully-Brunet est élu député de La Réunion avec 5 748 voix, Adrien Bellier est aussi élu avec 5 475 voix, mais les deux nouveaux députés de La Réunion ne sont pas admis à l'assemblée nationale, car leur élection n'est pas validée. Le coup d'État du 2 décembre 1851 de Louis Napoléon Bonaparte sera suivi du décret-loi du 2 février 1852 qui supprime la représentation coloniale.

On doit à Sully-Brunet l'introduction à La Réunion de la patate douce, Ipomoea batatas (L.) Lam, importée du Brésil, et le chouchou ou christophine, Sechium edule (Jacq.) Sw, du Mexique.

Jacques Sully-Brunet décède à Paris en 1858.



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