Père Jean Lafosse, prète Lazariste militant abolitionniste à La Réunion.

Père Jean Lafosse.

- Nom : Jean Lafosse.
- Naissance : Né le 2 octobre 1745 à Paris.
- Décès : 12 octobre 1820 à Saint-Louis, La Réunion.
- Fonction(s) :
- Prête Lazariste.
- Maire de Saint-Louis La Réunion en août 1790.
- Député à l'assemblée coloniale.


Jean Lafosse est né le 2 octobre 1745 à Paris, dans la paroisse de Saint-Nicolas-des-Champs.

Après ses études, il s'engage en 1762 chez les missionnaires lazaristes, congrégation fondée en 1625 par saint Vincent de Paul, pour y faire son noviciat. Ordonné prête, il reste à Paris jusqu'en 1772, année ou le vaisseau " le Choisseul " le débarque à Bourbon (La Réunion).

Père Jean Lafosse

Le Père Jean Lafosse est d'abord vicaire à Saint-Paul jusqu'en juillet 1775, tout en effectuant un bref séjour à Saint-André.

En août 1775, il commence son apostolat dans la paroisse de Saint-Louis du quartier de Saint-Étienne.

Le curé Lafosse, qui a gagné l'estime de ses concitoyens est élu maire de Saint-Louis aux élections municipales d'août 1790. Puis dans la foulée, député à l'assemblée coloniale. Les succès du curé député maire provoquent jalousie, méfiance et rivalités de plus en plus vives. Le curé Lafosse est déterminé à faire respecter les nouvelles lois relatives à la démocratisation et à l'application des droits de l'homme et du citoyen, l'île compte 37 000 esclaves dont 3 500 à Saint-Louis.

Tombe du Père Jean Lafosse

Les partisans des "amis de l'ordre" dénoncent le père Lafosse comme un dangereux agitateur menaçant la tranquillité de l'île, il est suspecté d'incarner le danger de l'abolition de l'esclavage, ses démarches sont surveillées. La situation est si tendue qu'il démissionne de sa charge de maire pour protester contre les accusations dont il fait l'objet.

Le 4 février 1794, l' Assemblée coloniale décrète l'abolition de l'esclavage. L'idée de l'égalité entre les hommes, farouchement défendue par le père Lafosse s'impose à tous. Mais, les autorités locales refusent de rendre publics les document officiels. L'assemblée prend des dispositions pour ajourner l'application de son décret. Les idées abolitionnistes dans les Mascareignes sont loin d'avoir triomphé.

Répression et expulsion deviennent le lot quotidien des républicains. En 1796, le père Lafosse, bien que privé de ses droits politiques, organise une riposte populaire. Les esclaves sont toujours traités comme des biens meubles et un impôt est même institué par tête d'esclave. Le curé organise la résistance et prêche la grève de l'impôt. Pour entraver le soulèvement, les autorités coloniales s'engagent dans la répression et les insurgés finissent par s'incliner.

En février 1798, une nouvelle alarmante parvient à la Réunion. Bonaparte a pris le pouvoir par la force en septembre 1797 et a renvoyé deux des cinq membres du Directoire, deux pro-royalistes. Ce qui signifie un retour en force des républicains et par là la renaissance de la menace abolitionniste pour la Réunion.

28 Mars 1798. C’est dans cette atmosphère tendue qu’éclate, une insurrection communément appelé " l'Insurrection du Sud " qui va enflammer tout le sud de l’île. 8 germinal an V (28 mars 1798), où se distingue Alexandre Belleville, ancien sergent du régiment de Pondichéry et le Père Lafosse.

L’arrêté du 19 ventôse (9 mars 1798) a mis le feu aux poudres. En effet cet arrêté notifie aux contribuables en retard la saisie de leurs biens, la population ne peut plus payer ses impôts. Ainsi la rébellion du Sud est en premier lieu l’expression d’une opposition à cette décision et plus généralement à l’ensemble de la politique fiscale de l’Assemblée. Mais c’est aussi une réaction patriotique contre la classe dirigeante soupçonnée de vouloir s’allier aux Anglais.

Cette crise va brutalement se dénouer. Dans la nuit du 30 germinal au Ier floréal, quelque quatre cents insurgés, envahissent Saint-Leu, obligeant le commandant Philippe Antoine Jacob de Cordemoy à exiger leur départ de la commune. On lui oppose un refus. Pendant toute la journée du 22 avril, les deux armées vont se faire face et tenter de négocier. Finalement, Jacob de Cordemoy n’aura pas à utiliser les armes. Il obtient la reddition de Belleville qui accepte de déposer les armes et de se retirer. Le curé Lafosse est arrêté le 28 avril 1798 au Gol à Saint-Louis, dans la case d’une négresse où il s’est réfugié. Plusieurs pièces à conviction saisies dans la maison tendent à prouver une participation active des esclaves. En tout ce sont quatorze Blancs, dont Lafosse et Belleville et quatre esclaves qui sont traduits devant les tribunaux le 26 mai 1798. Alors que les meneurs risquent la peine de mort, l’Assemblée se contente de les renvoyer de la colonie. Il est donc décidé que ces derniers seront déportés aux Indes. Mais embarqués sur la Laurette, le 8 juin 1798, ils obligent l’équipage à mettre le cap sur les Seychelles.

En décembre 1798, on signale le retour dans l'île de la plupart des condamnés, à l'exception du Père Lafosse, qui restera en exil jusqu'en 1802. Affaibli, découragé, vieillissant, il n'est plus considéré comme un élément subversif.

1803, Lafosse est de nouveau le curé de Saint-Louis. Le 30 décembre 1803, le sous-préfet Chanvallon lui adresse une lettre dans laquelle il lui dit :

" Étant instruit que depuis votre retour en cette colonie vous avez repris à Saint-Louis l'exercice du ministère sacré, mais que l'ancienne administration avait refusé de vous allouer le traitement fait aux autres curés... Je crois devoir déclarer que d'après le serment de fidélité à la République que vous avez fait dernièrement, ainsi que vos autres confrères, cous êtes reconnu pour curé de la paroisse de Saint-Louis, et qu'en conséquence vous jouissez des prérogatives et émoluments attachés à vos fonctions. Je vous laisse le maître de rendre cette lettre publique si vous le jugez à propos."

L'acte de décès du Père Lafosse mentionne la date du 12 octobre 1820. Assassiné, a retenu la mémoire populaire, version qui ne tient pas la route, aucun document ne venant le confirmer.

Le Père Lafosse est rentré dans l'histoire de Saint-Louis et de l'île de la Réunion, grâce à la dévolution populaire il laisse aujourd'hui une réputation de sainteté, qui vaut à son tombeau une vénération qui défie les ans.

Les réunionnais, le 20 décembre, pour la commémoration de la date anniversaire de l'esclavage se rendent au cimetière des âmes perdues, pour rendre hommage aux esclaves et à leur protecteur, qui y sont enterrés. Une façon de perpétuer le souvenir de cet homme qui avait voulu la liberté pas seulement pour lui mais aussi pour tous les hommes.

Unique en son genre, premier vestige d'un passé douloureux, on trouve dans le cimetière des âmes perdues, les reliques des premiers esclaves de Bourbon, à côté de celles des premiers habitants du quartiers. Il abrite la tombe du Père Lafosse, curé et maire de Saint-Louis, mais surtout grand militant abolitionniste.



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