La sieste Auteur P. De Monforand.

La sieste :: P. De Monforand.


La sieste

Oh ! ne me parlez pas de vos sommeil de France,
Lourds comme brouillard qui voile un ciel du Nord ;
Anéantissant tout, et bonheur et souffrance,
Image de la mort !

Cessez de me vanter le far niente stupide,
Ce privilège usé de gueux napolitain,
Court abrutissement où son estomac vide
Cherche à tromper la faim.

Arrière aussi vieux Kief dont s'honore Byzance,
Ivresse qu'aux croyants verse le narghilé,
Et qui fait succéder la triste somnolence
Aux fièvres du café !

Si vous voulez goûter un moment sur la terre
Les charmes inconnus d'un repos merveilleux,
Laissez la vieille Europe à son labeur austère,
Venez la sous nos beaux cieux....

Ici point de ces bruits dont l'écho vous éveille;
Point de ces noirs soucis qui vous cherchent toujours ;
Vous pourrez doucement du sommeil à la veille
Laissez glisser vos jours.

Ici, quand un soleil que jamais rien ne tache
Verse de son zénith les plus ardents rayons,
Quand sous les verts rameaux le bengali se cache
Et suspend ses chansons ;

A l'heure où tout calme, et la mer et la brise,
Où l'ardent papillon suspend son vol léger,
Où l'on n'entend au loin que la cigale grise
Sur le bord du sentier;

A cette heure immobile où partout sur la terre
Semble passer sans bruit l'ange blond du sommeil,
Venez sous ce bosquet dont le sombre mystère
Ne craint pas le soleil ;

C'est là que, vous plongeant dans une extase molle,
Vous connaîtrez enfin un aspect du bonheur,
Que vous pourrez goûter de la sieste créole
Le charme séducteur.

Ce grand fauteuil, qui doucement s'incline,
Ouvre à votre langueur ses deux bras élargis,
Ou bien du frais hamac la pagne souple et fine
Présente ses longs plis.

Craignez-vous ce berceau qu'un nœud léger rattache ?
Vous pouvez sur le sol vous étendre sans peur ;
N'avez-vous pas ici de la natte malgache
Le tapis protecteur ?

Et maintenant laissez l'errante fantaisie
Vous porter à son gré par ses routes d'azur ;
Elle va vous guider loin, bien loin de la vie,
Vers un ciel toujours pur.

Pendant que vos regards poursuivront dans l'espace
De votre coringhi la bleuâtre vapeur,
Laissez son libre vol à votre âme où s'efface
Tout reflet de douleur.

Seul votre corps sommeille, et les ailes du rêve
Vous transportent gaiement vers des mondes nouveaux :
La vie est un combat et la sieste est la trêve,
L'idéal du repos....

Voyez dans vos yeux ces images rieuses
Qui viennent vous sourire et semblent vous parler.
N'avez-vous pas senti quelques boucles soyeuses
Sur votre front trembler ?

Entendez-vous ces voix qui, tout bas, à l'oreille,
Vous jettent en passant un murmure léger ?
Sur votre lèvre en feu quelle lèvre vermeille
A posé ce baiser ?

Rêvez, rêvez encore ! Ou chercher sur la terre
Le charme tout divin de ce demi-sommeil ?
Le présent est mauvais, l'avenir est mystère :
A quoi bon le réveil ?

A quoi bon le réveil ? Votre brune maîtresse
A cherché le secret de son obscur boudoir ;
Et de la sieste aussi l'enivrante mollesse
A clos son grand oeil noir.

Laissez-la triompher, dans un songe paisible,
Des obstacles toujours élevés entre vous ;
Laissez-la se bercer d'amour, sans que terrible
Brille un regard jaloux !

P. De Monforand. :

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