Père René Payet, prêtre créole engagé, journaliste homme politique de La Réunion, né à La Rivière Saint-Louis, La Réunion.

Père René Payet.

- Nom : René Payet.
- Naissance : 12 novembre 1922 à la Rivière Saint-Louis La Réunion.
- Décès : 8 septembre 2011.
- Fonction(s) :
- Prêtre.
- Professeur au petit séminaire de Cilaos.
- Directeur de la Maison des oeuvres, de La Réunion.
- Directeur du journal "Dieu et Patrie" puis de “Croix Sud”.
- Présidence de Témoignages Chrétien.
- Journaliste à Témoignages.
- Président du Mouvement des Réunionnais pour l’égalité, la démocratie, le développement et la nature.
- Président du Collectif contre les injustices de la justice.


René Payet est né le 12 novembre 1922 à La Rivière Saint-Louis La Réunion. Il est issu d'une famille modeste de petits Blancs. Il est le troisième enfant d'une famille qui en compte douze mais sera le seul garçon à survivre avec ses six soeurs.

René Payet

Aprés ses études élémentaires, René Payet entre en 1936 au Petit séminaire de Cilaos. En 1938, il part pour la métropole poursuivre sa formation théologique dans la Drôme au séminaire des Missions. En 1942, il se retrouve, dans la France occupée, au Grand Séminaire colonial à Paris et échappe au Service du Travail Obligatoire en se faisant délivrer un certificat médical attestant son "métissage".

1947, ses études terminées, il est de retour à La Réunion.

29 juin 1948, René Payet est ordonné prêtre par l'évêque de La Réunion Monseigneur Langavant à la cathédrale de Saint-Denis.

Son premier ministère à Palmiste Rouge le remet en contact direct avec la réalité réunionnaise de la misère.

Nommé professeur au petit séminaire de Cilaos, il a notamment pour élève Gilbert Aubry. Il écrit à propos de ces années-là : " L’actualité locale a été riche d’événements dont je suis totalement resté en marge, que j’ai totalement ignorés : les grandes et longues grèves des cheminots, des dockers, des fonctionnaires, des planteurs, l’élection de Raymond Mondon et de Paul Vergès comme députés, les émeutes provoquées par les fraudes et les violences électorales. "

Fin 1957, Au terme de dix ans de professorat, le Père Payet se retouve en France, il effectue un stage d'Action Catholique en Bretagne et en Savoie, pendant lequel il assimile les méthodes de réflexion d'action et d'organisation sur le terrain. Peu après son retour à La Réunion il est nommé curé d'une paroisse rurale et ouvrière et il lance des équipes de Jeunes Agriculteurs Chétiens JAC.

1960, Monseigneur Guibert évêque de La Réunion, confie la direction de la Misssion des Oeuvres au Père René Payet. Ce dernier s'investit pendant neuf ans à cette oeuvre d'enracinement de la foi au coeur de la société réunionnaise.

La décennie 1960 marque une accélération des changements. Ils imposent au catholicisme réunionnais quelques adaptations et provoquent aussi les permiers conflits graves au sein du clergé. La naissance du parti communiste réunionnais en mai 1959 transforme les données du débat politique et accentue la bi-polarisation. Rejetant la départementalisation, le mouvement communiste avance le mot d'ordre d'autonomie. Face à cette contestation, le clergé catholique est d'abord enclin à renforcer le camp des nationaux qui luttent contre les menées séparatistes, et donc à rejoindre les partisans d'une intégration pour éviter la prise de pouvoir par les communistes.

René Payet Quel diable de prêtre !

A cette époque René Payet déclare : " La grande idée, c'était d'éveiller les chrétiens à leur responsabilité au niveau de l'évangélisation qui ne devait plus être l'affaire du seul clergé et des religieux, mais la préocupation de tous les baptisés. Chacun devait vivre et faire passer le message dans son milieu de vie et de travail : les ruraux dans le monde rural, les ouvriers dans le monde ouvrier, les étudiants parmi les étudiant...

Voir, juger, agir : une conception de la pastorale plus embrayée donc sur les réalités économiques, sociales et politiques. Le prêtre lui-même devait sortir de l'église et de la sacristie pour être sur le terrain, au milieu des gens, un homme comme un autre, un homme parmi les hommes, au coude à coude avec eux. "

1964, il devient directeur du journal " Dieu et Patrie " qui transforme en un hebdomadaire “ Croix Sud ”, il dénonce les fraudes électorales de cette période, en justifia la formation de l’ADNOE (Appel pour le déroulement normal des élections), large front de protestation contre les mœurs électorales.

1970, il démissionne de la direction de la Maison des oeuvres, et abandonne également la direction de Croix Sud où lui succède un jeune prêtre, son ancien élève, Gilbert Aubry. L'église de La Réunion est divisée par des conflits politiques et minée par des oppositions entre prêtres créoles et métropolitains. Le Père Payet décide d'afficher sa position, il adhère au parti socialiste, participe à ses instances et devient un des collaborateurs permanents de son bimensuel Combat Socialiste. Le Père René Payet est à cette époque un fervent défenseur de l'union des socialistes avec le Parti Communiste Réunionnais.

14 mai 1974, lors de la campagne présidentielle des coups de feu sont tirés sur la voiture qui transporte Paul Vergès et Christophe Mitterrand, à la Grande Ravine. Après cet " attentat " le père René Payet fait parvenir à " Témoignages " le message suivant.

" Mes amis.
J’évite de paraître dans les réunions électorales, mais à l’occasion de l’attentat perpétré hier soir contre Vergés, je tiens à vous dire combien nous trouvons ces procédés écoeurants. Supprimer son adversaire politique n’est certainement pas le moyen de gagner. Ceux qui usent de moyens violents ne font que prouver leur faiblesse. La volonté est claire de décapiter l’opposition, et si l’on manque son coup, on pourra toujours semer la peur. Nous aussi à la cure, nous avons reçu des menaces par téléphone. Mais, cela ne nous a fait perdre ni notre calme ni la fidélité à nos convictions. C’est en effet par notre calme et notre détermination à tous que nous pourrons mieux manifester la force que nous représentons. Une force qui commence à faire peur et qui prépare la victoire ! Avec tous ceux qui luttent et qui souffrent au nom de la justice et de la liberté, pour la dignité de l’homme, de tout homme ".

1975, l'évêque de La Réunion Monseigneur Guibert démissionne, Rome envoie en mission à Saint-Denis le nonce apostolique de Madagascar, à charge de rencontrer le clergé et toute la communauté chrétienne pour proposer une issue à la crise que traverse l'Eglise dans le département. Le nom de René Payet à la succession de monseigneur Guibert est prononcé, le PCR organise des déplacements en masse de ses militants pour aller déclarer au Nonce, lors des journées d'audiences programmées, que "le père Payet c'est un bon père c'est lui qui nous faut comme évêque". Mais le Pape nomme Gilbert Aubry comme évêque de La Réunion.

1977, lors des élections municipales les socialistes refusent l'alliance avec le PCR et décident de voler de leurs propres ailes, le Père Payet se retire du parti socialiste et cesse sa collaboration avec leur journal.

René Payet alors curé de Saint-Louis prend la présidence de Témoignages Chrétien.

Le 19 novembre 1977, dans un colloque il déclare : " Si vous me demandez ce que je pense du rôle que peuvent jouer et doivent jouer les chrétiens dans l'évolution politique de La Réunion, vous me ramenez à l'assemblée générale de Témoignage chrétien-Réunion qui s'est donné comme objectif de rassembler tous les chrétiens pour le changement.

De changement tout le monde en parle. Les dernières assises des différents partis politiques, même ceux de la majorité, ont multiplié les constats d'échec, analysé la crise et dénoncé la politique suivie jusqu'ici en tous les domaines. Jusqu'à ces dernières années, l'église institution ne se posait guère de problèmes à ces niveaux-là : elle est apolitique, tout le monde le sait. Mais provoquée par la situation catastrophique où se débat un nombre toujours croissant de personnes, elle a commencé aujourd'hui à dénoncer " l'économie désaxée ", à condamner les fraudes qui faussent le jeu démocratique ; elle s'inquiète du traitement de l'information ; elle découvre peu à peu les dessous et les discussions politiques de la migration ; elle intervient ici et là quand des licenciements massifs menacent le sort de centaine de familles pour rappeler que l'homme passe avant le profit.

C'est assez nouveau, mais ce sont des interventions très circonstancielles pour dénoncer des abus criants. Elles ne s'inscrivent pas dans la logique d'un choix de solidarité vécues et en rupture avec un certain ordre. Si l'église jusqu'à maintenant ne donnait pas complètement la main au pouvoir établi et dans ce cas l'en accuser serait peut-être une calomnie, elle justifiait cependant dans sa démarche et défendait l'ordre établi et dans un régime colonial, on sait ce que cela veut dire !. Le pouvoir ne lui en demande pas plus. Et si, en outre, pour protéger la foi des fidèles, elle condamne solennellement le communiste athée et, comme dans les années 50, se livre à une véritable chasse aux sorcières, excluant des sacrements les lecteurs de Témoignages ou les électeurs communistes, le chantage aux sacrements rejoignant le chantage à l'assistance, que souhaiter de plus ? Et comment s'étonner que des prêtres soient montrés du doigt dès le moment où ils acceptent plus de jouer ce jeu-là et qu'ils le disent, c'est surtout, d'ailleurs, de le dire tout haut qui est " faire de la politique ".

Pour que ça change, nous ne demandons pas à l'église de soutenir tel parti politique plutôt que tel autre. Elle n'est pas elle-même un parti politique, nous le savons. Il est même normal qu'elle soit attentive à ce qu'aucun parti ne l'annexe. Nous savons que ses objectifs ne sont pas politiques et que ce n'est pas à elle de proposer des remèdes pour le rééquilibrage de cette économie qu'elle juge, elle même désaxée. Nous lui demandons d'abord une certaine rupture avec le fait colonial où elle avaient partie liée avec le pouvoir et l'argent : c'est devenu un lieu commun de l'affirmer et il faudrait être de mauvaise foi pour le nier. Tous ceux qui ont essayé de réagir contre tant qu'ils ont été des individus isolés ont été impitoyablement proscrits : depuis P. Lafosse qui s'était solidarisé avec les esclaves et auquel la piété populaire voue encore un véritable culte, jusqu'au Père Michels Reynolds dont l'expulsion en 1970 n'a suscité qu'une timide protestation de l'évêque d'alors et que l'on essaie d'enterrer définitivement à Maurice, Mgr Aubry refusant même de le reconnaître par écrit comme membre de son clergé. Tout cela parce que le choix des pauvres qu'il avait fait, au nom de l'Evangile, avait des résonances politiques incompatibles avec son statu d'étranger, il est resté citoyen mauricien.

Une rupture avec le pouvoir suppose que l'Eglise accepte de reconnaître et d'évaluer l'impact politique de ses choix, de ses réactions et de ses silences, impact à forte résonance dans le contexte insulaire extrêmement politisé de La Réunion.

... quand l'évêque de La Réunion, plus simplement et discrètement profite de la table et de l'avion présidentiels, ces actes comportes de graves implications politiques. Qu'on le reconnaisse au moins ! ".

René Payet prêtre créole de La Réunion

Le Père Payet conjugue alors responsabilités de paroisses, collaborations journalistiques et engagements de plus en plus déclarés aux côtés du PCR.

1987, René Payet décide de pousser encore plus loin son engagement politique, à l’âge de 65 ans, il devient journaliste à Témoignages, journal fondé par le Docteur Raymond Vergès. Sous le pseudonyme d’Olivier Thienbo, il décrit les scènes de la vie réunionnaise et décripte l'actualité.

23 février 1992, il prend, à la demande du PCR, la présidence du " Mouvement des Réunionnais pour l’égalité, la démocratie, le développement et la nature " dont le secrétaire général est Paul Vergés, ce mouvement qui dès sa création compte 7 000 personnes vise à élargir la base électorale des communistes.

1992, alors curé de Piton Saint-Leu, il entre de plain-pied dans la bataille politique en se présentant aux élections sénatoriales du 27 septembre 1992 sous l'étiquette du PCR, Parti Communiste Réunionnais, au premier tour il obtient 203 voix sur 916 suffrages exprimés soit 22.16 %, au second tour 5 voix sur 904 suffrages exprimés soit 0.55 %. Les trois sièges reviennent aux candidats de droite : Éric Boyer - Pierre Lagourgue - Paul Moreau.

1993, Il se présente aux élections législatives de La Réunion du 21 mars 1993 et du 28 mars 1993 dans la 3ème circonscription. Il est battu par le candidat de l'UMP, Union pour un Mouvement Populaire, André Thien Ah Koon.

1995, le Père René Payet est à la présidence du " Collectif contre les injustices de la justice " dont le seul objectif est de défendre Pierre Vergés, impliqué dans l'affaire du marché de l'endiguement de la Rivière des galets. La même année il est candidat aux Municipales de Saint-Leu, il est encore battu.

René Payet est en conflit chronique avec l’évêque de La Réunion Gilbert Aubry, qui ne supporte pas son engagement politique à gauche. Le prêtre s'est présenté trois fois à des élections, mais il n'est jamais élu. Pour sa part, le Père René Payet se dit "Atterré, je suis désigné à toute l’opinion publique, dans tous les organes de presse, comme un insoumis. Voilà ce que c’est de vouloir jouer franc jeu". Monseigneur Gilbert Aubry souligne en 1998, lors du cinquantième anniversaire d’ordination du père René Payet, "ce qui le caractérise : la chaleur qui traverse ses relations humaines et la générosité du cœur".

1996, René Payet publie " Quel diable de prêtre ! chez Océan Éditions, puis ré-édité chez Karthala sous le titre " René Payet, prêtre créole de La Réunion ". Son livre est un récit concret et chaleureux, fait d’autobiographie et de libres propos sur la foi et sa modernité, le politique, le sens de l’homme et de la vie.

Rattrapé par l'âge et la maladie, il se retire de la vie publique, le père René Payet, décéde le 8 septembre 2011.



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