Discours du Général de Gaulle Président de la République à la Redoute La Réunion le vendredi 10 juillet 1959.

Discours du Général de Gaulle Président de la République à la Redoute La Réunion le vendredi 10 juillet 1959

" Mon premier mot est pour remercier La Réunion, en particulier Saint-Denis de l'accueil magnifique qu'ils veulent bien me faire à 50 ou 60 contre un.

Si vous saviez, Réunionnais, combien souvent, combien profondément, ma pensée est allée vers vous !

Avant la dernière guerre, vous étiez dans mon esprit une île quelque peu mystérieuse, rayonnante de poésie, liée au grands souvenirs de grands siècles, avant-garde australe de France.

Pendant la guerre, vous m'avez comblé en vous ralliant au combat dès que cela vous fut possible, dès l'instant où le Léopard est apparu au large de cette côte.

En le faisant, vous avez réconforté l'âme cruellement meurtrie par le désastre et qui cherchait partout, d'un bout à l'autre de nos terres, des raisons d'espérer.

Après la guerre, j'ai eu l'honneur, la satisfaction de vous rendre visite, voici tantôt six années. J'ai senti ici battre si fort le cœur de la France, que j'en ai été plus convaincu que le jour viendrait certainement du Redressement National.

Ah ! Oui, vous êtes Français, vous êtes Français par excellence, vous êtes Français passionnément. Et par là-même, vous jouez votre rôle à mesure des évènements que traverse la Patrie, votre rôle dans le destin de la France.

C'est pourquoi la Nation toute entière attache, je suis là pour le démontrer, ainsi que le Premier Ministre M. Michel Debré, ainsi que le Ministre chargé des Départements d'Outre-Mer, M. Jacques Soustelle, une importance particulière à ce qui se passe dans le département de La Réunion.

Ce qui vous concerne au point de vue économique, au point de vue social, au point de vue scolaire, au point de vue de votre développement, c'est un élément essentiel du développement de la France. Et c'est pourquoi aussi, en vous l'attestant, je tiens à vous indiquer d'autres raisons encore que celles que j'ai évoquées, et qui font que la France vous est aussi profondément attachée que vous l'êtes à elle.

Réunionnais, vous occupez dans cet océan une position française importante, qui le cas échéant, pourrait devenir capitale. Vous êtes sur plusieurs grandes lignes maritimes et aériennes ; vous êtes relativement proche de Madagascar, cher État de la Communauté, dans la capitale de laquelle nous venons de tenir, dans d'heureuses conditions, notre Conseil exécutif. Cette grande terre se trouve par tant de liens attachée à la France, toute entière. Vous êtes à proximité de l'île de France, de l'île Maurice, où vivent de chers Français, dont je salue la délégation.

Et puis, vous êtes une sorte de type, comme on dit dans le langage d'aujourd'hui " un test ", de ce que la France sait faire, même quand c'est loin.

Or, la solidarité nationale, la vigilance nationale, la cohésion nationale, sout aujourd'hui plus nécessaires que jamais. Il y a dans le monde une grande menace, qui plane sur les hommes libres ; cette menace, pour la détourner, et, s'il le fallait, pour la vaincre, il faut être ferme, il faut être fort, il faut être uni. Il faut la vigilance de la France.

Cela implique la liberté, l'égalité, la fraternité de tous ses enfants. Cela implique l'amour de chacune et de chacun pour la Patrie aujourd'hui comme naguère. Vous en avez donné devant moi-même la preuve, la démonstration la plus éclatante et la plus émouvante.

Réunionnais, habitants de l'île Bourbon, de l'île de La Réunion, sachez que la France toute entière vous donne son affection et sa confiance, qu'elle compte sur vous, qu'elle a besoin de vous, comme de tous ces enfants.

Sachez-le. Et quand vous vous disperserez pour retourner dans les grandes communes de votre île, à qui je demande que soit transmis par leurs élus le salut du président de la République française, le salut du général de Gaulle, quand vous y retournerez, vous emporterez, je vous le demande, de la manifestation d'aujourd'hui l'impression physique autant que morale, que nous sommes un seul peuple, un seul grand peuple, un seul grand peuple devant son destin.

Vive La Réunion, Bourbon, Saint-Denis !

Vive la République, vive la France ! "

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