Histoire de La Réunion année 1809, Histoire de Bourbon La Réunion, les événements de l'année 1809.

Histoire de La Réunion année 1809

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1809. Au début de l’année, les Anglais s’emparent dans l'Océan Indien de pas moins de dix bateaux français. Face aux puissantes flottes anglaises qui ont décidé d'éliminer la France de l'Océan Indien, les îles affamées, coupées de la métropole, oubliées de l'Empereur trop occupé à étendre sa domination sur l'Europe, isolées les unes des autres, ne peuvent compter que sur leurs propres forces et de très maigres dispositifs de défense : quelques fortins à l'île de France (Maurice) et quelques batteries côtières à l'île Bonaparte (La Réunion), défendus par quelques centaines d'hommes, à peine un millier à l'île Bonaparte, dont une majorité de gardes nationaux et de volontaires. Toutes les demandes de renfort en matériel et en hommes adressées au gouvernement central sont restées lettres mortes.

Henry Sheehy Keating, commandant des forces anglaises

4 août 1809, l’île Rodrigues est prise par les Anglais. Elle ne pouvait pas se défendre, avec ses quelques dizaines d’habitants, mais avec elle, les Anglais bénéficient d’un port naturel, d’une base d’attaque au sein même des Mascareignes. Les conséquences ne se font pas attendre les Anglais attaquent à nouveau à Sainte-Rose.

8 août 1809. Un rapport du Gouverneur Nicolas Ernault de Rignac Baron des Bruslys nous renseigne sur son déroulement. Les défenses de l'île sont faibles, quelques batteries réparties sur la côte, peu d'hommes, 3 000 ou 4 000 soldats et des unités mobilisables de la Garde Nationale, civils plus ou moins entraînés. Les vigies signalent les allées venues des frégates ennemies, la frégate, La Néréide et la corvette, La Saphir, commandée par un jeune officier Corbett. Le 8 août 1809, elles est devant Sainte-Rose.

Commandant Ernault des Bruslys

16 août 1809, Les frégates réapparaissent, s'approchant cette fois beaucoup plus, malgré un coup de semonce, elles mouillent en rade et mettent des embarcations à la mer. En face treize hommes de ligne, pas de garde Nationale, on doit abandonner Sainte-Rose aux Anglais, ceux-ci détruisent les batteries en partie, car ils ont des préoccupations très urgentes. L'équipage de La Néréide est atteint de scorbut, aussi le commandant s'occupe t'il tout d'abord de trouver de la viande et des fruits. Il emmène à son bord le commandant de la ville, malade, en otage, engageant les habitants à fournir les vivres. En cas de refus, il bombardera Sainte-Rose. L'ennemi reste au mouillage.

17 août 1809, 110 hommes de la garde de Saint-Benoît arrivent au secours de Sainte-Rose, mais, sans ordres, peu encouragés par les habitants qui craignent des représailles, ils repartent.

18 août 1809, l'ennemi est toujours au mouillage, la garde de Saint-Benoît commandée cette fois par Hubert Delisle réapparaît. L'ennemi fait feu mais la garde tient bon et prend position sur les remparts. Les Anglais envoient alors un parlementaire pour discuter le prix des vivres. Delisle refuse de discuter avec l'ennemi. Les Anglais appareillent en direction de Saint-Benoît et essayent, sanssuccès, de détruite la vigie du Petit Saint-Pierre.

22 août 1809. L'ennemi revint devant Sainte-Rose, et oblige de nouveau les défenseurs à se retirer du port. Il veule débarquer, mais la garde le repousse. Quelques jours plus tard, les Anglais se retirent tout à fait.

À l’Ile de France, (Maurice) le gouverneur Decaen est préoccupé par ces attaques. Il envoie des renforts ; il envoie surtout des ordres à des Bruslys. Il lui ordonne de tenir coûte que coûte l’ensemble de la côte et d’empêcher tous les débarquements.

Charles Mathieu Isidore Decaen gouverneur île de France (Maurice)

Juillet 1809, la frégate la Caroline ramène de son expédition, deux de ses prises, les vaisseaux Europe et le Streatheim. Le chargement des prises a une valeur considérable, dont le gouverneur Decaen compte tirer le plus grand profit. Il ordonne donc au commandant Ernault des Bruslys d'en assurer la défense.

Le gouvernement anglais, averti de la présence de la Caroline et des ses prises sur la rade de Saint-Paul, y dirigea le commodore Rowley pour s'en emparer. Son escadre se composait :

- Du raisonnable, de 64 canons, sur lequel celui ci avait son pavillon.
- De la Néréide, de 40 canons, ayant pour commandant le capitaine Corbelt.
- Du Syrius, de 40 canons, commandant Pym.
- De la Boudicea, de 40 canons.
- De la corvette Le Otter, de 30 canons, commandant Wilby.
- Du birck Le Wips.

Les troupes de débarquement étaient placées sous le commandement du lieutenant-colonel Keating. C'est dans ce contexte que les forces anglaises s'établissent devant la baie de Saint-Paul.

20 septembre 1809. Le soir, à Saint-Paul, les habitants croient apercevoir des bâtiments ennemis qui s’approchent de la ville. Les soldats se préparent à l’attaque, quand les navires disparaissent derrière la pointe des Galets.

21 septembre 1809, à trois heures du matin, dans l'obscurité de la nuit, sans bruit, favorisés par le plus beau temps et une brise du nord-est si convenable pour entrer dans la rade, les Anglais débarquent dans la petite anse de la rivière des galets et se répandent dans la plaine de la mare à Cadet. Ils détruisent, en débarquant, la vigie du Piton afin d'intercepter toute communication avec les quartiers du Vent pendant l'attaque, précaution d'autant plus importante pour la réussite de l'opération qu'ils maintiennent, toute la journée, un piquet de 15 hommes jusqu'à 6 heures du soir, heure à laquelle le colonel Keating rallie le piquet à son quartier général.

Avant que l'on ne se doute de rien, leur débarquement est annoncé dans le quartier, à cinq heurs du matin, par un petit noir malgache, porteur de lait, du nom de Fortune, appartenant à M. Eléonore Hoareau.

Ce courrier improvisé arrive tout essoufflé et donne l'alarme. Il crie qu'il a vue toute cette plaine couverte d'habits rouges.

Le commandant des milices, Joseph Hetzel, fait battre la générale. On constate l'imprévoyance la plus grande ; aucun armement n'est prêt ; la milice qui gardait ordinairement les batteries et faisait patrouille sur la côte, est prise en défaut ; le commandant Saint-Mihiel n'a rien prévu pour la défense.

Le désarroi le plus grand règne partout ; la foule affolée se répand de tous côtés ; chacun songe à mettre sa famille en sûreté en gagnant la montagne.

Les Anglais se dirigent alors vers la batterie du centre dite de Roburent, située au nord-est, à 2 kilomètres de la ville. Le sergent d'artillerie, Bignoux, garde cette batterie ; il a le temps de charger une pièce à mitraille qu'il dirige du côté de la colonne anglaise, fait feu et tue une cinquantaine d'hommes. Cette défense inattendue jette de l'indécision dans la troupe anglaise ; malheureusement le recul de la pièce blesse Bignoux qui reste suspendu par le pied au roulant de l'affût, " un second coup de canon nous aurait fait battre en retraite, a dit plus tard le colonel Keating, qui l'a répété devant plusieurs témoins, entre autres M. Fouques, médecin et Pierre Cornil, avocat, et nous aurait décidés à nous rembarquer." Les Anglais ne voulaient, à ce moment, que tenter un coup de main et enlever la Caroline et ses prises.

L'avant-garde s'empare de la batterie et dégage le malheureux Bignoux mis, par la suite de cet accident hors combat. Le feu est alors dirigé sur la Caroline. Le commandant Fertier, ignorant que la batterie est au pouvoir de l'ennemi, et croyant à une méprise, envoie un aspirant avertir que ses boulets lui arrivent. Celui-ci, voyant l'ennemi maître de la fortification, fait force de rames et retourne à bord. Au milieu du désarroi Guénant, commandant un détachement de voltigeurs composés de 46 hommes, ayant pour lieutenant M. Tiers, se prépare à la défense ; à cette petite troupe se joignent des marins de la Caroline. Saint-Paul ne sera pas délivrée de l'ennemi mais l'honneur sera sauf ; arrivent aussi quelques miliciens ; ils les disperse en tirailleurs dans la plaine, dit du camp Malabar. Ce terrain était alors couvert de gros bois noirs ; cette disposition de lieu était favorable à ce genre de combat ; le capitaine Guénant utilise ces arbres pour la protection de ses hommes qui font alors un feu de mousqueterie bien nourri tout en battant lentement en retraire vers la rue Suffren.

La défense est vive, elle est acharnée, dans cette vigoureuse résistance l'énergique capitaine Guénant reçoit une grave blessure au bras gauche, six hommes sont tués et dix-sept blessés. Là succombent aussi les miliciens Durand, Giroir, et sont blessés Lamroy, Magarde de Roburent. Le tambour Monchey Caron reçoit au genou une balle qu'il conservera le reste de ses jours. Mangarde de Roburent, légèrement blessé au commencement de l'action, s'était retiré dans sa maison à l'extrémité nord du lieu où se continuait le combat ; il se renferme dans chambre, y pratique une meurtrière et de là, de temps en temps, décharge son fusil sur l'ennemi dans la plaine ; après avoir vu tomber 10 ou 15 de leurs hommes, les Anglais finissent par observer ; bientôt la fumée de la dernière cartouche indique d'où est partie le coup ; on cerne la maison et l'on s'empare de Mangarde que l'on conduit à l'hôpital après l'avoir maltraité et blessé de nouveau.

La batterie du centre, dite de Roburent, que nous appellerons du nom de son brave défenseur Bignoux, est donc au pouvoir de l'ennemi.

Pendant ce temps, l'escadre anglaise, favorisée par un temps magnifique, et poussée rapidement par une belle brise du nord-est, arrive en rade vers les 6 heures du matin, canonne la Caroline, l'Europe et le Stratheim ayant pour commandants les enseignes Desplanches et de Rabody. La Caroline secondée par les commandants des deux prises, riposte vigoureusement : le feu dure jusqu'à 10 heures du matin.

Accablés par le nombre, et maltraités par les batteries de terre des quelles ils espéraient au contraire du secours, nos trois navires viennent s'échouer sur la plage ; après avoir encore résisté héroïquement, ils amènent le pavillon. Tous les officiers sont fait prisonniers et embarqués à bord du Syrius.

Le pavillon anglais flotte sur tous les forts et les établissements publics. L'escadre anglaise vient mouiller en rade, elle amarine les navires échoués, embarque les prisonniers. La Caroline et l'Europe sont mis ensuite à flot ; le Stratheim ne put être renfloué que deux jours après.

Dans l'après-midi du 21, les Anglais embarquent leurs blessés. Ils mettent le feu au pagasin de dépôt de M. Caillot ; ce magasin, situé aux coins de la rue du port et de celle des établissements de marine, contenait pour 125 000 francs de marchandises qui furent consumées ; sa goélette est capturée.

Ils détruisirent le navire le Saint-Domingue qui se trouve en rade, et une trentaine de pirogues qui sont sur la plage.

Cependant, averti tardivement par le bruit du canon, le général Des Brulys expédie en toute hâte des secours ; des troupes, sous le commandement du capitaine d'artillerie, Aubry, y viennent par la montagne à marche forcée ; M. Des Brulys les précède accompagné de son aide de camp ; ils arrive par les hauts, s'arrête à Bellemène à la maison blanche, appartenant à M. Lavergne Dennemont, d'où l'on domine tout Saint-Paul.

La ville étant au pouvoir de l'ennemi, quelle décision va-t-il prendre ?

Vers 6 heures du soir, les troupes venant de Saint-Denis s'arrêtent et campent dans les jardins de l'étang, près de la maison blanche de Mme Desbassyns, dans la plaine qui s'étend de la chaussée au nouveau cimetière.

22 septembre 1809. A 2 heures de l'après-midi, le bataillon du quartier Saint-Jean, commandé par le capitaine Dor, arrive à son tour, fait halte à l'extrémité de la ville : ordre lui est donné par M. Des Brulys de rallier le quartier général. Afin que les Anglais ne puissent le découvrir, on marche sans tambour. Ce gouverneur militaire rompu au métier des armes, appréciant, sans doute, l'inutilité d'un effort pour défendre une île ouverte et reprendre de vive force la ville déjà au pouvoir de l'ennemi au risque de la voir incendier, donne ordre de retourner à Saint-Denis pour mettre la capitale à l'abri d'une surprise.

Les Anglais jouissent en paix de leur triomphe.

Vers les 6 heures du soir, les vaisseaux embossés sur la rade fond des décharges à boulets et à mitraille sur le centre de la ville. Ils simulent un débarquement général ; ils arment quinze péniches chargées de troupes, ils répandent le bruit qu'ils mettront le feu partout et qu'ils partiront ensuite pour Saint-Denis où ils vont forcer le gouvernement à la capitulation.

Ces fanfaronnades, ces démonstrations produisent leur effet, et confirment le général Des Brulys dans la pensée de regagner la capitale au plutôt. Les envahisseurs agissent en ce moment comme s'ils ont réellement l'intention de partir pour la capitale.

Le bombardement est si violent que l'on croit ne pouvoir rien sauver du désastre.

La nuit se fait ; la plage est illuminée par des torches prêtes à répandre partout l'incendie : le général Keating envoie de tous côtés des éclaireurs et s'assure bien que nos forces se disposent à quitter le quartier général.

A ce moment, le feu est mis au grand magasin renfermant les riches prises et les marchandises déposées par la Caroline ; on lance en outre çà et là des torches enflammées sur le rivage pour communiquer l'incendie, et en exagérer les effets. Le magasin général flambe. On s'empare du trésor public. Le même jour arrive, dans la baie, le brick appartenant à M. Frère, armateur, ayant à son bord un chargement de riz et 70 noirs de traite. L'escadre anglaise envoie vers ce brick deux grandes péniches, armées chacune de 25 hommes, qui le capturent.

23 septembre 1809. Le général Des Brulys désespéré part pour Saint-Denis, laissant derrière lui 150 hommes et chargeant le capitaine Saint-Mihiel de combattre l'ennemi tout en l'autorisant à négocier.

Aucune préoccupation n'entrave plus l'ennemi ; néanmoins, pour activer la retraite général, il fait de nouvelles démonstrations bruyantes.

A la Grande Chaloupe, les troupes en retraite rencontrent le bataillon de Saint-Benoît et celui de Sainte-Rose au nombre de 350 hommes ; ils avaient reçu l'ordre de se porter sur Saint-Paul pour augmenter le corps expéditionnaire ; on a le chiffre de ces troupes réunies ; avec ce renfort, elles doivent s'élever à 700 ou 800 hommes environ.

Dès ce moment, Saint-Paul est à la merci de l'ennemi ; tous ses habitants sans défenses, sot arrêtés. Les femmes et les enfants se réfugient dans les hauts des habitations ; l'escadre se donne même la facile gloire, le triste plaisir de lancer des boulets qui atteignent ces fuyards sur la montagne du Bernica, à l'endroit que l'on nomme Tamarin Bétail.

La terreur est à son comble. Les Anglais parcourent la ville comme s'ils étaient en pays conquis ; ils visitent les maisons en dispersent les meubles. Plusieurs respectables habitants demandent à capituler. Le commandant Saint-Mihiel est porteur de paroles de soumission et de paix. Les vainqueurs, après avoir fait tout le mal possible, ne se refusent pas d'entrer en pourparler.

Le commodore Rowley charge un parlementaire de porter un projet de capitulation au commandant Saint-Mihiel. Ce dernier demande à référer au gouverneur de l'île, il lui envoie les propositions de l'ennemi.

Voici ce document :

Convention, Entre le commodore Josias Rowley, commandant les vaisseaux de S.M. Britannique, et le lieutenant colonel Keating, commandant les troupes de S.M. Britannique et de la Compagnie. D'une part. Et le capitaine Saint-Mihiel, commandant militaire de Saint-Paul. D'autre part.

Il est convenu, en conséquence, de ce que Saint-Paul est au pouvoir des Anglais ainsi que de la position des habitants, qu'une suspension d'armes mutuelle aura lieu immédiatement sous les conditions suivantes :

Article 1 - Que les pièces de campagne prises par les Anglais et depuis volées par les noirs seront rendues aux Anglais.

Réponse : Seulement deux pièces de campagne ont été prises par les noirs à mon camp, je réfèrerai pour cet article au général commandant de l'île.

Article 2 - Que les propriétés de l'Etat de tous genres : comme canons, munitions, marchandises et argent, dans la ville de Saint-Paul seront livrés aux Anglais.

Réponse : Accepté.

Article 3 - Que les limites de le ville sont considérées être le canal qui coule le long de la chaussée et de là à la caserne.

Réponse : Accepté.

Article 4 - Que toutes les propriétés appartenant à l'Etat, qui ne sont pas au pouvoir des Anglais, seront indiquées par le commandant sur sa parole.

Réponse : S'il s'en trouvait de ce genre dans les limites et que cela vienne à ma connaissance, j'en donnerais avis.

Article 5 - Qu'aucune troupe de l'île n'entrera dans Saint-Paul, ni ne molestera les Anglais sans en avoir donné notification vingt-un jours avant, par écrit, à l'officier commandant les vaisseaux de S.M. Britannique, en rade de Saint-Paul, et à l'officier commandant les troupes de S.M. Britannique et de la Compagnie, et les Anglais, de leur côté, consentent à ne point construire des batteries et à ne point faire aucun mouvement militaire à terre sans en avoir donné la même notification au commandant de la ville.

Réponse : Accepté pour les troupes sous mon commandement. J'en réfèrerai au général pour le reste.

Article 6 - Qu'il n'y aura aucun empêchement à ce que les habitants vendent aux Anglais, des viandes et des légumes en payant le prix ordinaire, et que les malades soient transmis à terre s'il y a lieu.

Réponse : Accepté.

Article 7 - Que rien ci-dessus mentionné ne soit considéré pouvoir empêcher les Anglais d'attaquer quelqu'autre partie de l'île, soit par terre, soit par mer.

Réponse : Accepté sous la condition qu'aucun débarquement ni mouvement de troupe n'aura lieu à Saint-Paul, dans les limites ci-dessus désignées.

Article 8 - Que tous les prisonniers anglais à Saint-Paul seront rendus.

Réponse : J'en réfèrerai au général.

Article 9 - Que l'on ne pourra empêcher les noirs qui sont habituellement aux travaux du bord de la mer d'assister les Anglais en leur donnant la paye accoutumée.

Réponse : Accepté.

Article 10 - Que trois jours seront donnés pour la ratification de ces articles, par le général Des Brulys ; et dans le cas où ils ne seraient pas ratifiés par lui, les deux parties seront libres de recommencer les hostilités en donnant notification vingt quatre heures avant.

Réponse : Accepté.

Les articles suivant ajoutés de la part du capitaine Saint-Mihiel :

Article 1 - Les troupes françaises sous mon commandement devront être considérées comme libres de quitter leur cantonnement, et d'aller au secours de tout autre partie de l'île qui serait menacée d'une attaque, sans en donner avis au commandant anglais. Le commandant de la garde nationale restera à Saint-Paul, pour voir à ce que les articles ci-dessus mentionnés soient exécutés.

Réponse : Accepté.

Article 2 - Les autorités civiles de Saint-Paul reprendront l'exercice de leurs fonctions, les habitants seront gouvernés par les lois françaises et continueront l'exercice de leur religion interrompue.

Réponse : Accepté.

Fait à Saint-Paul, île Bonaparte, le 23 septembre 1809. Signé : H. Keating. Jos. Rowley. Saint-Mihiel.

24 septembre 1809. A la réception de ce message, le général Des Brulys assemble un conseil de défense composé de tous les officiers supérieurs présents, à Saint-Denis. La Réunion est orageuse ; il paraît disposé à accepter les propositions du commodore ; à ce moment le chef de bataillon du génie, Soleille, se lève et dit : " Général, si vous signez cette capitulation, vous porterez votre tête à l'échafaud. " Le Gouverneur ne signe pas.

Ce même jour, le général, désespérant de conserver la colonie à la France, craignant les reproches de son chef, M. Decaen, parce qu'il n'a pas envoyé à Saint-Paul les forces qu'il avait ordre d'y concentrer par précaution, prit la fatale décision de mettre fin à ses jours.

25 septembre 1809. Tiraillé entre des avis contraires, incapable d'arrêter une décision, le commandant des Bruslys se retire dans ses appartements, rédige son testament et tente de mettre fin à ses jours. La première tentative est à la poudre, où il se brûle atrocement, la seconde, où il se tranche la carotide, lui est fatale.

La nouvelle du suicide du gouverneur de l'île est connue dans l'après-midi à Saint-Paul, la population en est atterrée ; l'ennemi voyant la ville épouvantée, fait des promesses flatteuses aux malheureux incendiées et ruinés ; il engage les habitants à revenir chez eux en leur assurant que l'ordre va être rétabli partout ; que la mort du général ne change rien à ses bonnes intentions ; que seulement toutes les propriétés de l'État seront, par précaution, démolies ; qu'on les incendiera pas pour éviter que le feu ne se communique aux maisons des particuliers qui les avoisinent.

26 et 27 septembre 1809. Les Anglais travaillent pendant ces deux journées à embarquer les marchandises restant dans le magasin de l'État. Les salaisons, les farines et les bois qu'ils ont réussi à sauver, entreposés dans le magasin Caillot, les marchandises sont portées à bord du Otter sous la direction du capitaine Wilby.

De temps en temps, on entend les explosions qui annoncent la destruction des épaulements, des batteries, des puits et des fours à boulets. Le feu se communique aux baraques avoisinant les batteries. Dans la précipitation apportée à leur oeuvre d'anéantissement, il y eut 6 anglais de tués dont un officier de génie. Quelques canons sont embarqués à bord de l'Europe pour lui servir de lest, le capitaine Corbett opère l'embarquement de ces trophées de sa facile victoire.

La Néreide vint, la dernière sur la barre : elle envoya à terre un grelin venant très avant sur le rivage prendre les canons disposés pour l'embarquement.

28, 29 et 30 septembre 1809 et le 1 et octobre 1809. Pendant ces journées, est continuée la destruction complète des batteries, de la caserne, des corps de garde. Les militaires du 56 e régiment dirigés par leurs officiers en sont chargés.

2 octobre 1809, le Syrius, le Wips, la goélette de M. Bouvas et celle de M. Caillot, toutes les deux prises sur la rade, et plusieurs bateaux de débarquement, le tout commandé par le lieutenant colonel Keating, sont dirigées sur Saint-Gilles pour y incendier les bateaux et les bâtiments appartenant à l'État : à 9 heures du matin, l'expédition y était rendue. Elle est reçue à coup de canon par quelques miliciens, canonniers improvisés et organisés par l'énergique capitaine de la 10 e compagnie des voltigeurs de la milice de Saint-Paul, M. Valery Martin. Malgré leur petit nombre, ils font bonne contenance et ne cèdent à l'ennemi que devant l'énorme supériorité du nombre. L'histoire de la colonie doit conserver les noms de ces braves qui ont soutenu l'honneur du drapeau ; Jean Dupuy, Desbarrières, Michel Maunier, Évariste Maunier et Mercher. Malgré la défense désespérée du capitaine Valery Martin, la batterie et le poste sont détruits ; les canonniers prisonniers sont embarqués à bord du Syrius, et conduits à Saint-Leu pour servir de prétexte à la présence des Anglais devant le quartier vers lequel ils font voile, où ils veulent, disent-ils, débarquer leurs prisonniers. Rendu à la passe de Saint-Leu, le commandant Pym envoie à terre un parlementaire ; le colonel Keating l'a déjà devancé. Les habitants repoussent l'ennemi à coup de canon ; pour empêcher toute communication, ils tirent même sur le bateau parlementaire qui vire de bord ; ayant rejoint la frégate, celle-ci retourne à Saint-Paul.

3 et 4 octobre 1809, le Syrius revient au mouillage.

5 octobre 1809. Vers cinq heures et demie du soir le commodore Rowley fait signale à la Caroline, au Otter, au Stratheim, d'appareiller.

Le Grapellier et la Fany, capitaine Gonthier, les Deux amis, capitaine Frère, ces deux derniers navires de commerce français, ont été capturés à leur entrée en rade ; ils reçoivent aussi l'ordre d'appareiller et de suivre l'escadre. On sut plus tard que ce départ avait lieu pour le cap de Bonne-Espérance.

Il ne reste donc que le Raisonnable, le Syrius, le Wips, la goélette de M. Bouras, l'Europe et un navire américain. Dans la soirée, les Anglais embarquent les gardes occupées aux postes de la ville depuis le 21 septembre. Seul le colonel Keating reste à terre, il annonce son prochain départ à la première brise.

6 octobre 1809. Dans la matinée, le Wips et la goélette Bouvas sont expédiés pour aller éclairer le voisinage de la baie.

A 2 heures de l'après-midi, le canon d'appareillage est tiré par le Raisonnable. Le brick américain a ordre de partir avec défense de cherche à revenir, notification lui ayant été faite que l'île de France et l'île Bonaparte sont bloquées. Cet américain traitait d'affaires à Saint-Paul ; l'ordre de partir immédiatement ne lui permit de ne prendre que 500 balles de café.

Le but des Anglais en venant à Saint-Paul n'était que d'enlever la Caroline et ses deux prises et de se venger des affronts maintes fois reçus de la part de Bouvet. Le temps favorable, la sécurité la plus complète les engagèrent sans doute à aller plus loin. Le colonel Keating disait : " Je suis heureux d'avoir pu surprendre le quartier ; car, ayant perdu 300 hommes tant dans les combats de terre que dans ceux de mer, je doutais que, sans ces circonstances favorables à mon expédition, j'eusse pu prendre un seul navire dans la rade de Saint-Paul. " Il quitta le dernier la terre à 4 heures de l'après-midi ; il s'embarqua sur le Raisonnable.

6 octobre 1809, c'est le colonel Sainte-Suzanne qui est choisi pour succéder à des Bruslys. Chargé de partir sur le champ, il est à l'Isle de France, et de débarquer où il peut.

8 octobre 1809, le nouveau comandant de l'île Bonaparte Chrysostome Bruneteau de Sainte-Suzanne arrive à Saint-Denis.

Dans une île plongée dans le désarroi le plus complet, le colonel Sainte-Suzanne cherche d'abord à redonner confiance. Dès son débarquement, il adresse à la population une énergique proclamation.

9 octobre 1809. Proclamation à l'Isle Bonaparte, du Colonel Commandant, de Sainte-Suzanne.

Colons,

Son Excellence le Capitaine Général vient de me donner une preuve de sa confiance, en m'honorant au commandement de votre Isle, et en me plaçant à votre tête pour repousser les perfides ennemis qui oseraient encore tenter de souiller votre territoire de leur présence.

Si le Capitaine Général a dû être vivement touché des derniers évènements que vous venez d'éprouver, il a au moins des motifs de consolation en apprenant le dévouement et l'ardeur avec lesquels vous vous êtes réunis pour vous opposer aux progrès de l'ennemi, nul doute que ce ne soit à ces belles dispositions de votre part qu'on ne doive leur prompt rembarquement. Soyez bien convaincu toutes les fois que vous vous présenterez avec confiance, il ne pourra soutenir vos regards.

Comment !.. Quand notre auguste Empereur fait triompher ses aigles des bords du Tage aux bords du Danube ! Quand rien ne résiste à sa valeur éprouvée dans mille combats, nous ! nous ! des Français ! nous permettrions encore qu'un vil ramas de cipays et de déserteurs viennent nous braver, nous insulter ! Non, vous attendez avec impatiente l'instance de vous venger, votre valeur connue, votre attachement à la Mère Patrie, à la gloire nationale ù'en sont de sûrs garants. Quelquefois ces astucieux ennemis feignent de vous ménager, méfiez-vous de ces caresses, ce sont celles du tigre ! S'ils étaient sûrs de leur fait, ils vous traiteraient comme ils ont traité les habitants de Buenos Aires, de Copenhague et enfin, comme ils ont traité tous les peuples qu'ils ont subjugués : ils ne laissent après eux que le pillage, l'incendie et le meurtre. Gardes nationales, on n'abusera pas de votre dévouement : on renverra dans leurs foyers tous ceux dont la présence ne sera pas jugée nécessaire à la défense des postes les plus intéressants ; mais tenez vous prêts à marcher au premier signal, soyez toujours unis, que les petites passions se taisent devant le grand intérêt qui est le salut de la Patrie ; ayez confiance dans les chefs que le gouvernement vous donne ; je vous réponds que vous serez invincibles.

Habitants de l'Isle Bonaparte, je sais que d'avance vous voulez bien m'honorer de votre estime, croyez que je suis sensible à un hommage aussi flatteur : votre bonheur, votre gloire seront les seuls objets de mes sollicitations.

Cette proclamation, accueillie les plus vifs sentiments d'enthousiasme, eut le tort de comparer les Anglais à un ramas de cipayes et de déserteurs. Il y a autant d'injustice à rabaisser un ennemi que d'imprudence à le grandir dans l'opinion publique. Que pouvait, dans tous les cas, une poignée d'hommes, quelque résolus qu'ils fussent, contre des forces imposantes, que les Anglais savent toujours proportionner à l'importance de la conquête, et quelques gardes nationaux, plus propres à maintenir la tranquillité intérieure qu'à combattre des soldats et des marins disciplinés.

Le commandant Sainte-Susanne se met au travail : inspection des batteries détruites à Saint-Paul, réquisition des esclaves et réorganisation de la protection de la rade. Il procède à une réorganisation de l'état-major militaire. Le capitaine Saint-Mihiel est renvoyé à l'Isle de France et plusieurs officiers sont mutés ou limogés. De plus le colonel fait tracer ou réaménager des routes parallèles à l’intérieur des terres afin de faciliter les communications entre les quartiers, une nouvelle voie est ouverte entre Saint-Denis et Saint-Paul, doublant la route du littoral trop exposée. Les lignes de défense sont renforcées. Un bataillon de réquisition est formé, mobilisant notamment les jeunes créoles sans travail. La garde nationale est réorganisée, distinguant désormais compagnie d'élite et compagnie de réserve.


Naissance en 1809 :

15 mars 1809, naissance à Saint-Paul de Vincent Bosse Vice-amiral.



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