Législatives 1936 à La Réunion, les résultats des élections législatives de 1936, les résultats les candidats les députés élus.

Législatives 1936 à La Réunion

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Elections législatives : Premier tour le 26 avril 1936, deuxième tour le 3 mai 1936.

Les élections législatives d'avril 1936, la réunion divisée en deux circonscriptions doit élire deux députés.

Les élections législatives de 1936 sont les seizièmes et dernières de la Troisième République.

L'organisation des élections législatives à La Réunion est confiée au gouverneur Alphonse Paul Albert Choteau.

La campagne électorale est tendue, elle est marquée par de nombreux actes de violence les, les deux députés sortants Lucien Gasparin et Auguste Brunet sont candidats à leur succession, leurs adversaires sont respectivement René Payet et Albert Lougnon. Les deux parlementaires sortants, sont des notables réunionnais solidement implantés, Lucien Gasparin est député de La Réunion depuis le 27 mai 1906, et Auguste Brunet depuis le 11 mai 1924.

Les députés radicaux Brunet et Gasparin sont des candidats de consensus, qui se présentent comme les défenseurs du " Pays ", de cette " petite Patrie " qu'est La Réunion. Ils prêchent avant tout le rassemblement des Réunionnais derrière les hommes d'expérience qu'ils sont.

14 janvier 1936, Le Peuple, journal proche des notables, écrit : " Nous avons deux députés éprouvés, de solides républicains, des hommes intelligents, des citoyens clairvoyants, des défenseurs dévoués de nos intérêts collectifs. Tous deux seront réélus… . Nul ne doute qu'à Bourbon le rassemblement derrière les élus du pays prévaudra, car pour nous, ici, quelque sympathie, quelque passion que l'on éprouve à suivre la politique intérieure et extérieure de la France, il existe des nécessités géographiques, économiques et historiques qui imposent à la vieille colonie que nous sommes, petite et si loin de la métropole, un particularisme essentiel. Il ne peut y avoir ici qu'un parti : le Parti de La Réunion ".

René Payet opposé à Lucien Gasparin a fondé le " Parti ouvrier Paysan ", une force politique populiste. René Payet, ingénieur, diplômé de l'Ecole Centrale est le directeur depuis 1926 de l'établissement sucrier du Quartier Français à Sainte-Suzanne, il est le fils d'un commerçant du cirque de Salazie, Ivrin Payet, gros propriétaire foncier. A partir de mars 1936, René Payet multiplie les réunions, sa candidature officielle n'est toutefois connue qu'à la fin du mois d'avril, à quelques jours du premier tour des élections.

Une partie du clergé qui lutte contre le communiste, soutient le Parti Ouvrier Paysan organisé par René Payet et le docteur Paul Arnauld. Alors que les deux politiciens militent en faveur du sursalaire familial, l'Eglise propose un programme plus étoffé, qui prévoit l'organisation d'assurances sociales contre les accidents du travail, la création d'une pouponnière dans chaque sucrerie, la construction d'hôpitaux et d'asiles pour les vieillards.

La Ligue des droits de l’Homme et du Citoyen soutient Brunet et Gasparin. La ligue en liaison avec la franc-maçonnerie, loge l’Amitié, tient une place centrale sans la vie politique de la colonie. En mai 1936, le bureau de la Ligue est composé de Revets, Président, Simon Lucas, secrétaire et Ludovic Albany, trésorier. Gasparin et brunet profitent aussi de l'appui de l'administration locale et du gouverneur Choteau.

Profession de foi de Gasparin.

"Pour la 9 ème fois je viens vous demander vos suffrages. Je suis plus vieux aujourd'hui qu'hier, je suis toujours aussi jeune de cœur et d'esprit, aussi ardent à la lutte pour l'amélioration du sort des humbles et des malheureux. A la Chambre je suis presque le plus ancien des députés, j'ai l'orgueil de pouvoir regarder avec fierté ma longue carrière…..Pour moi, le passé répond de l'avenir. La tâche est rude à notre époque, pour celui qui, comme moi, se penche vers ceux qui souffrent; les souffrances sont nombreuses; et pourtant, comme je l'ai toujours fait, je continuerai d'être digne du surnom que vous m'avez donné, je continuerai à être pour tous ceux qui sont opprimés ou malheureux le bon papa Gasparin; celui qui a des devoirs et sait les remplir, envers les enfants de la race créole".

Le jour des élections, le 26 avril 1936 :

Le jour des élections, le 26 avril 1936, les passions se déchaînent et la tragédie est au rendez-vous. Au soir des opérations électorales, entre fraudes et folklore, les armes ont parlé. La colonie compte onze morts et cinquante blessés. Pour contrôler les élections, le gouverneur ne disposait que de quatre-vingts gendarmes, un effectif nettement insuffisant pour faire face aux manifestants. Les gendarmes ont été vite débordés et ont perdu leur sang-froid. A sainte-Suzanne plus de six cents personnes favorables à René Payet, lancent des galets devant la mairie, le bureau n'est protégé que par quatre gendarmes, ils ouvrent le feu, quatre hommes sont tués. A la Chaloupe Saint-Leu, les galets sont jetés dans la salle de vote, deux gendarmes sont blessés, ils tirent au mousqueton, trois hommes sont tuès.

Rapport du procureur Lasocki le 29 avril 1936 : "Au cours de ces événements si douloureux, les gendarmes (dont l'effectif pour la Colonie est beaucoup trop restreint) étaient obligés de se défendre et de rétablir l'ordre… L'instruction recherche également les complicités qui ont pu armer le bras des manifestants. Il est certain que ces derniers voulaient à tout prix faire triompher MM. Lougnon et Payet. Il semble bien que parmi tous ces exaltés qui se sont livrés le 26 avril aux pires excès, beaucoup étaient sous l'emprise de l'alcool et croyaient naïvement que le succès de leurs candidats ferait régner désormais l'abondance à La Réunion".

René Payet : "La fraude, bien sûr, a joué comme d'habitude, et les résultats étaient connus d'avances : mes partisans n'ont même pas pu entrer dans les bureaux de vote. Les affiches de victoire de Brune et Gasparin etaient déjà prêtes avant le jour de scrutin... Dans certaines localités, sous de fumeux prétextes de provocation, les gendarmes ont tiré sur mes amis : l'administration défendait ses candidats à coups de fusils. J'ai porté plainte contre la validité des résultats, mais cela n'a rien donné... Comme il fallait s'y attendre !"

Sur le plan électoral, résultats des élections législatives :

Auguste Brunet l'emporte. Il obtient 19 450 voix soit 98,9% des votants et 71% des inscrits.

Auguste Brunet député de La Réunion en 1936

Lucien Gasparin devance nettement avec 58% des suffrages exprimés, 39% des inscrits René Payet.

Lucien Gasparin député de La Réunion en 1936

Gasparin et Brunet sont réélus, mais cette nouvelle tragédie électorale entraîne de nombreuses réactions où condamnations et écœurement dominent, mais aussi l'engagement de vouloir imposer des pratiques nouvelles portées par des personnalités de tout bord. C'est ainsi qu'est créé le Parti Réunionnais d'Action Démocratique et Sociale où se côtoient notamment Ferdinand Auber, Jean Chatel, Marcel Vauthier, Raymond Vergès ou encore Raphaël Vidot.

Monseigneur Cléret de Langavant, l'évêque de La Réunion s'indigne lui aussi de la tragédie électorale du 26 avril 1936. Les quatre électeurs qui meurent sous les balles des gendarmes le jour de scrutin dans la première circonscription devant la mairie de Sainte-Suzanne amènent l'Église a dénoncer ce recours cynique à la fraude. Comme elle s'est tue jusqu'ici, cette attitude inattendue et audacieuse déplaît.

La présentation des faits dans son journal Dieu et Patrie diffère totalement de celle de l'administration. Alors que celle-ci prétend que les gendarmes ont été obligés de faire usage de leurs armes pour protéger la mairie qui allait être prise d'assaut par des électeurs excités par le candidat René Payet, l'Église affirme d'une part, qu'il s'agit d'électeurs mécontents de ne pas pouvoir voter et d'autre part, que les gendarmes ont tiré sur eux alors qu'ils s'enfuyaient et que ceux qui tentaient de porter secours aux blessés n'ont pas été ménagés non plus. A l'issue de ce scrutin, les relations se refroidissent entre l'évêque qui a fait réciter un De Profondis à la cathédrale pour les victimes de cette journée, le gouverneur et les élus.

Reçu par le gouverneur Choteau pour expliquer l'attitude de quelques prêtes qui ont soutenu René Payet, l'évêque fait observer qu'il ne peut sévir, puisque d'autres ont agi en faveur des candidats vainqueurs, Lucien Gasparin et Auguste Brunet. La discussion devient plus orageuse, mais ils se séparent apparemment en bons termes. L'accueil qui les est réservé quelques jours plus tard à l'hôtel du gouvernement lors de la maladie du gouverneur prouve que ses remarques n'ont pas été appréciées et ont inquiété le gouverneur.



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